Cette exposition est, après Le Trait en majesté : dessins français du XVIIe siècle au musée Fabre (2011), la seconde à présenter les collections du Cabinet des Arts graphiques du musée. Ce fonds a été constitué par la passion des collectionneurs et est encore, plus que d’autres, marqué par les personnalités de son fondateur, François-Xavier Fabre, et de ses donateurs, Jules Canonge et Jules Bonnet-Mel en particulier. Collectionneur de la fin du XVIIIe siècle, Fabre participe alors de cette pratique des curieux de réunir dans leurs cabinets les feuilles des maîtres. Cette initiative prend forme dans les ventes après décès, les successions ou les revers de fortune permettant ainsi de voir réapparaître des collections parfois anciennes.
Le “ dessein ”, expression de la pensée créative du peintre, devient “ dessin ” lorsqu’il passe de l’atelier de l’artiste aux mains de l’amateur. Il acquiert ainsi une valeur esthétique qui le lie intrinsèquement à la démarche de son auteur et il se fait alors œuvre aboutie détachée du reste des dessins de l’atelier de l’artiste. Le dessin devient alors pierre fondatrice de l’œuvre peint et référent permanent à cet œuvre.
Les hérauts d’Agamemnon emmenant Briséïs tandis qu’Achille se résout à son enlèvement et que Patrocle s’en lamente de Giuseppe Cadès met en scène un sujet peu représenté de l’Iliade d’Homère. Tiré du chant I, il illustre le moment où Talthybios et Eurybate emmènent Briséïs, prêtresse d’Apollon, captive aimée d’Achille. L’épopée d’Homère, transmise dans un premier temps par la tradition orale puis traduite du grec, ne possède pas de tradition iconographique, ce qui impose aux artistes d’inventer. S’inspirant de marbres antiques et d’un ouvrage du comte de Caylus, Tableaux tirés de l’Iliade […] avec des observations sur le costume, publié en 1757, Cadès nous offre une vision personnelle tout en conservant pour ses hérauts les attributs que Caylus décrit dans son ouvrage.
Marielle Ortigosa