Couverture la rencontre


Le Canada et l’impressionnisme – Nouveaux horizons

 
En couverture : Clarence Gagnon (1881-1942), Le train en hiver, v. 1913-1914, h/t, 56 x 71 CM, Collection De Donald r. Sobey, © Photo Mbac

Avec plus de 100 œuvres et 35 artistes représentés,l’exposition nous montre un nouveau point de vue sur l’accueil et le rayonnement de l’impressionnisme dans l’art canadien. Elle a été conçue par le musée national des beaux-arts du Canada, en collaboration avec la Kunsthalle de Munich, la Fondation de l’Hermitage de Lausanne et le Musée Fabre. Cet accrochage retrace la découverte et l’appropriation de la modernité impressionniste par les artistes canadiens entre 1880 et 1920. Pour eux, le voyage en France fut un itinéraire obligé, mais ils surent, de retour chez eux, élaborer un vocabulaire pictural propre à leur identité, adaptant leurs impressions picturales à la lumière et aux paysages incomparables du Nord. À travers plus d’une centaine de peintures issues de collections publiques et privées canadiennes, l’exposition offre la possibilité de découvrir des artistes peu connus en Europe et met en lumière leur contribution originale au rayonnement international de l’impressionnisme. Pour Katerina Atanassova, senior curator en charge de l’art canadien au musée des beaux-arts du Canada à Ottawa, l’exposition « remet en
question la notion monolithique de l’impressionnisme qui serait limitée à l’art des maîtres français ».

À l’aube des années 1880, de jeunes peintres canadiens – hommes et femmes – entreprennent le voyage vers Paris, capitale des arts. « Paris fut mon tuteur, mon livre », confesse ainsi l’artiste Florence Carlyle. Il faut, au demeurant, souligner le rôle particulièrement remarquable joué par les artistes femmes au sein de ce mouvement en le nourrissant d’une sensibilité particulière. Tout en s’imprégnant des modèles français, ces artistes offrent un regard nouveau sur leurs sujets de prédilection ou développent des thèmes originaux, particulièrement dans les portraits de femmes et d’enfants. S’ils viennent initialement se former auprès des maîtres académiques renommés, les Canadiens s’en détachent rapidement, marqués par la découverte de la peinture impressionniste. Sur les pas de leurs aînés français, ils sillonnent la France (Barbizon, Giverny, PontAven…), adoptant leur vision instantanée et lumineuse du paysage en plein air. Certains, comme James Wilson Morrice, doivent encore beaucoup au naturalisme, comme les scènes automnales qu’il peint au jardin du Luxembourg ou sur les quais de la Seine. Mais la plupart retournent dans leur patrie, formant à leur tour des élèves francophiles et s’appropriant la modernité impressionniste pour constituer une véritable école nationale. Ces peintres adoptent ce nouveau langage pictural pour restituer les paysages et la culture de leur patrie sans pour autant perdre leur esprit d’aventure et leur goût du voyage. Ils saisissent la lumière incomparable et les rudesses du climat canadien dans des œuvres fortes et originales. La France de 1900 tranche avec la vision de ces pionniers qui construisent non sans mal des voies de chemins de fer sur des terres immenses à défricher.

Le Train en hiver de Clarence Gagnon, dont nous vous présentons le détail de la locomotive en couverture, qui sillonne l’immensité du paysage enneigé, est triplement symbolique de ces « nouveaux horizons » canadiens : l’image du voyage, de la vitesse et de la force avec lesquelles ces peintres ont su transposer et adapter l’impressionnisme français aux particularités de leur propre pays. C’est, en effet, dans l’exaltation des grands espaces que ces artistes révèlent toute leur plénitude. L’immensité de leur pays leur offre une inspiration sans limite et le paysage devient leur genre de prédilection dans lequel ils investissent leur sentiment d’identité. Les scènes hivernales sont un sujet emblématique, surtout les paysages recouverts de neige, pour lesquels les peintres saisissent l’effet brillant de la lumière du soleil sur la surface blanche. Nombre d’entre eux choisissent de travailler à l’extérieur malgré les conditions rigoureuses, forgeant l’image d’un artiste aventurier, explorateur. L’esprit qui les anime constitue une inspiration pour le Groupe des Sept (de Toronto) et le Groupe de Beaver Hall (de Montréal), formés en 1920. Leurs œuvres montrent de façon remarquable l’évolution de l’art du Canada au moment où le pays émerge sur la scène internationale comme une puissance en devenir.

Jean-Paul Spieth

 

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