Couverture La Rencontre


L’Age d’or de la peinture à Naples, de Ribera à Giordano Musée Fabre, du 20 juin 2015 au 11 octobre 2015

 rencontre_112Stanzione Massimo, Portrait de femme au coq en costume napolitain vers 1635, huile sur toile, 119 x 97 cm, San Francisco, the Fine Arts Museums © image courtesy the Fine Arts Museums of San Francisco, San Francisco

Naples, sous gouvernement espagnol, devient, au XVIIe siècle, un foyer culturel intense. Un important mécénat se met en place tant dans la sphère religieuse (profusion de commandes de la part du clergé) que dans les sphères publique et privée (commandes des vice-rois et de l’aristocratie locale). La peinture napolitaine au XVIIe siècle s’impose en Italie et en Europe.
De nombreux artistes vont participer à cet essor : parmi eux, Massimo Stanzione. Il naît à Orta d’Atella (province de Caserte) en 1585. Il débute sa formation dans l’atelier du peintre maniériste Fabrizio Santafede auprès duquel il se passionne pour l’art du portrait.
Lors de son premier séjour à Rome (1617-1618), il découvre les œuvres du Caravage, d’Annibal Carrache et de Guido Reni. Après un second séjour, aux alentours de 1627, il s’installe définitivement à Naples en 1630. Réputé comme peintre portraitiste, il est connu pour peindre d’après modèle vivant.
Le tableau de San Francisco, Portrait de femme au coq en costume napolitain, démontre l’influence du naturalisme caravagesque et celle du luminisme de la peinture romano-bolonaise. Sur un fond sombre, se détache une jeune femme en costume traditionnel napolitain. Son regard fixe le spectateur ; elle tient dans sa main gauche un coq aux pattes liées.

La lumière directe frappe le côté droit du personnage, mettant le visage partiellement en clair-obscur et diffusant l’ombre sur le fond. Le naturalisme du visage, le cadrage, l’absence de décor démontrent l’assimilation de la leçon caravagesque. En revanche, le traitement des tissus, la richesse des incrustations, l’attention portée aux détails, le chatoiement des couleurs rappellent l’art d’Artémisia Gentileschi avec laquelle le peintre entretient des relations de profonde estime.
Cette synthèse opérée par Massimo Stanzione renforce le côté énigmatique de ce portrait. La coiffure non apprêtée, la forte présence du tablier d’un rouge uni, contrastant avec la richesse des motifs du vêtement, feraient penser à une personne de condition modeste en costume d’apparat ou à une aristocrate habillée en tenue populaire. Que dire du coq, volatile de basse-cour dans les mains de cette jeune femme : pouvoir, puissance, jalousie ?
Cette œuvre s’inscrit dans l’évolution de la peinture napolitaine au XVIIe siècle qui, peu à peu se développe du Naturalisme jusqu’au Baroque et dont Massimo Stanzione est une figure majeure.

 

Éliane Aujaleu